Page:Londres - Au bagne.djvu/130

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On ne peut pas commander au paludisme. Mais voyez partout, à Panama, à Colon. Allez à la Coutcha, à l’intérieur, où la fièvre jaune était latente, aujourd’hui, plus rien.

Dans les bagnes des États-Unis, regardez…

— Vous avez voyagé ?

— Assez, il faut bien employer son temps d’évasion.

— Dans les bagnes des États-Unis, ce n’est pas la même chose. On couche en cellule, la nuit.

— Vous y êtes allé ?

— Oui, mais un peu comme vous ici. Lors de ma première évasion, j’ai tenu à faire la comparaison. J’avais obtenu toutes permissions. Je ne m’étais pas présenté, évidemment, mon matricule de Cayenne à la main. Mais aux États-Unis, des dollars, un fin rasoir, un bon tailleur vous font un gentilhomme en une matinée…

On couche en cellule, donc pas de promiscuité. Si le fruit qui tombe dans un bagne américain n’a qu’une petite tache, cette tache ne s’étendra pas. Il y a des ministres du culte, des livres. On instruit l’homme. Beaucoup d’entre nous vont au mal parce qu’ils ne soupçonnent pas le bien. Les Américains leur cachent le mal et leur montrent le bien. L’homme se relève. S’il est illettré, on l’instruit. Quand il sort, un trousseau l’attend. On ne le jette pas à la porte, on lui trouve du travail. Il mange à sa faim. Il ne voit pas tuer devant lui un homme, à propos de bottes.