Page:Londres - Au bagne.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vat. Ici s’étalent les camps des forçats : camp des Malgaches, camp Lorrain, camp Godebert, camp — ce nom aussi parle dans le pays — camp Charvein ou des « Incos ».

Sitôt après les îles Arouba nous vîmes sur la droite une poignée de maisons très blanches : Albina, village hollandais, et sur la gauche Saint-Laurent, ville française. C’était tout de suite plus sombre. Là aussi est un gril.



« Quand vous arriverez à Saint-Laurent, vous serez effrayé », m’avait-on dit. Je ne fus pas du tout effrayé (en arrivant). C’est très gentil, Saint-Laurent. Regardez ces rues ! Râtissées, peignées, pomponnées. Et ces maisons ? Mais c’est tout neuf ! On se sent ravigoté. On refuse net la voiture de la « Tentiaire » qui vous attend et on part à pied, fier d’être piéton et même Français ! Voilà l’hôtel de ville ! Mais c’est un bel hôtel de ville ! Et le palais de justice, donc ! Il n’est pas terminé. Je dois même dire que, depuis cinq ans, il est en cet état, et qu’il s’abîme avant d’être achevé. On manque de bois ! Il n’y a pas d’air, j’étouffe ; les forêts m’entourent, mais on manque de bois ! C’est tout de même un beau palais de justice !

Saint-Laurent-du-Maroni est le royaume de l’administration pénitentiaire. C’est une royauté absolue, sans Sénat, sans Chambre, sans même un