Page:Londres - Au bagne.djvu/172

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je n’ai pas commis, vu que, pendant qu’on tuait cet homme-là, je guettais, à vingt kilomètres du lieu, un garde-chasse pour le descendre, et vu que, au bout de deux jours de guet, je descendis le garde-chasse.

— Bien.

— Seulement, pour le garde-chasse, il y aurait eu préméditation et c’était la mort, tandis que pour l’autre, vu que je ne l’ai jamais connu, on n’a pu établir la préméditation et c’était seulement la perpétuité.

— Alors ?

— Laissez-moi finir. J’ai tué le garde-chasse, vu que, vingt jours avant, il m’avait envoyé une charge de plomb dans les fesses. Les deux crimes ont eu lieu en même temps, et comme naturellement j’avais été absent deux jours de ma maison, on a vu en moi l’assassin de l’inconnu. Les empreintes digitales ne collaient pas du tout, mais on passa dessus. Et comme le juge ne pouvait trouver la moindre raison logique à mon crime, j’ai dit que j’étais saoul.

— Bien.

— Maintenant il y a prescription pour mon vrai crime. Dois-je raconter l’histoire, ne dois-je pas ? Je me tâte, vu que j’ai soixante-deux ans, une bonne place, la chance d’être à perpétuité, que je ne serai donc jamais libéré, et que, jusqu’à la fin de mes jours, j’aurai à boire, à manger et à dormir. Donnez-moi un conseil.