Page:Londres - Au bagne.djvu/190

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petites sœurs… Encore, moi, je ne comprenais pas bien : je suis Irlandaise !

— Et ce kiosque, ma sœur. Expliquez à votre visiteur à quoi il servait.

— C’était le parloir ! Quelle cérémonie !

Après six mois de bonne conduite, ces dames avaient droit de faire parloir.

Chaque jeudi, de neuf heures à onze heures du matin, les « autorisées » venaient sous ce kiosque.

Les libérés (c’était la loi alors) pénétraient dans le jardin. Ils venaient choisir une femme.

Ah ! où prenaient-elles tout ce qui change la figure ? Elles se passaient des bâtons sur leurs lèvres et leurs lèvres devenaient toutes rouges ! Elles « enfarinaient » leur visage, elles ne marchaient plus de la même façon, se promenaient comme ça (sœur Florence, légèrement, caricatura ses clientes). Je ne les reconnaissais plus, moi ! C’étaient d’autres créatures. Et elles faisaient des mines !

Le libéré passait. Oh ! c’était vite enlevé : il disait : « Celle-ci me plaît. » C’était toujours la plus mauvaise !

— Elle acceptait ?

— Immédiatement ! Trop contente ! Alors, on les mariait.

— Tout de suite ?

— Heureusement !

— Et cela ne donna jamais de bons résultats, fit M. Dupé.