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SIX ÉVADÉS DANS LA BROUSSE


— Le kokobé ! le kokobé !

Remontant le Maroni, notre canot passait devant l’îlet Saint-Louis, le petit Bosch à cornes (cheveux crépus que séparent des bigoudis), debout à l’arrière de sa jonque, qui ici s’appelle canot, donna un coup de takari (godille).

Le kokobé, en créole bosch, c’est la lèpre.

Siretta, chercheur d’or et balatiste, montait dans les bois. Il m’avait pris sous son pomakari (toit du canot), en lapin. Il ne partait pas pour la grande tournée. Les placers en travail sont à vingt-deux jours d’ici, et le lapin, à l’arrivée, n’eût plus été très frais. Siretta n’allait qu’à trente-six heures de Saint-Laurent.

— Et trente-six pour revenir, bien entendu. Ça va ?

— Ça va.

Siretta partait saigner des « bali. ».

Bientôt, les immenses forêts de Guyane verront périr leurs derniers arbres balata. C’était la fortune de la colonie (le balata est bien meilleur que la