Page:Londres - Au bagne.djvu/234

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Ils n’ont pas soif, cela je l’affirme. Ils noient tout dans le tafia et les misères physiologiques et le mépris dont on les entoure et l’angoisse qui, à leur insu, désagrège leur âme, âme qu’ils ne sentent peut-être pas, mais qu’ils ont quand même !

Savez-vous l’homme le plus malade, à Saint-Laurent, de tout ce scandale ? C’est le pasteur.

Il arriva tout de go, un beau matin, avec ses bottes. Il venait régénérer le bagne. Sa valise était toute petite, mais son cœur… Et il parut rue Mélinon.

— Mais enfin, monsieur, me dit-il, qu’est-ce que c’est que cela ?

— Le bagne, monsieur le pasteur.

L’homme de Dieu allait, venait, revenait.

— Mais j’ai fait la guerre, monsieur, et ce n’était pas ainsi.

— Heureusement !

Il essuyait ses lunettes, les remettait.

Et soudain, me fixant dans les pupilles :

— Mais si vous ne dites pas ces choses, monsieur, vous serez un misérable !

Je lui ai pardonné, il était déchaîné.



J’ai rencontré Manda. Oui, Manda de la Bande à, de la Bande à Manda. Il n’est pas mort,