Page:Londres - Au bagne.djvu/236

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J’aidais ces messieurs dans les grandes. Mes vingt ans s’achèvent. On me met à la porte. Non les docteurs ! Ils ont tout fait pour me garder, mais c’était la loi : À la porte ! Et maintenant, vous voyez ! La maison que je bâtis sera bientôt finie. Je serai sur le pavé, sous le marché couvert. Je ne suis pas un fainéant, qu’on me donne du travail. Et quelle existence ! Ne toucher la main à personne. Ne pas s’asseoir. Savez-vous que l’on ne vous offre jamais une chaise ! Alors, on pleure. On sort de chez un Chinois pour entrer chez un autre Chinois (les caboulots). On vient là, chez Pomme à Pain. Ah ! le Caveau ! l’Ange Gabriel ! mais c’était des salons, si on compare ! Les honnêtes gens eux-mêmes auraient honte de fréquenter ici. On vous plonge tout vivant dans la crapule. J’ai un métier. Je suis presque médecin. Si je l’exerce, on me f… dedans. Mais sortez-nous de cette ordure ! Mais faites-nous donner du travail ! Pour le libéré c’est la mort certaine. J’ai été vingt ans honnête à l’hôpital. Je ne puis pas me remettre apache. Je ne me vois plus sur le Maroni guettant les canots d’or qui descendent et tâchant de viser juste. Maintenant, de tous les côtés, je suis bon, même du côté des Bambous. À Paris, dans n’importe quel hôpital, je trouverais une place. Pourquoi, vous qui êtes les plus forts, nous écrasez-vous ? Nous avons payé… payé !