Page:Londres - Au bagne.djvu/238

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Le soir à dix heures, je me promenais dans Saint-Laurent avec deux Français, Bouillon et Lalanne, mes amis ; soudain, Lalanne se détache de nous et court vers l’autre trottoir.

— Qu’est-ce que vous faites là ? dit-il à deux ombres.

— Mais rien, Monsieur Lalanne (tout le monde se connaît ici, les crapules et les honnêtes gens).

Ils avaient déjà forcé la serrure de la porte.

— F…tez le camp !

— On préférerait bien travailler, monsieur Lalanne… Y a pas de travail !

Voilà !


Je rêve encore chaque nuit de ce voyage au bagne. C’est un temps que j’ai passé hors la vie. Pendant un mois, j’ai regardé les cent spectacles de cet enfer et maintenant ce sont eux qui me regardent. Je les revois devant mes yeux, un par un, et subitement, tous se rassemblent et grouillent de nouveau comme un affreux nid de serpents.

Assassins, voleurs, traîtres, vous avez fait votre sort, mais votre sort est épouvantable. Justice ! tu