Page:Londres - Au bagne.djvu/55

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conseillé par des autorités que je citerai devant mes juges…

Et Hespel découvrit ses dents.

— Il a voulu me faire le coup du père François ; alors… !

Le bourreau, soudain, bondit en avant et de son poing poignarda le vide.

Je reculai d’un pas.

— Alors, je lui ai répondu par le coup de Barcelone ; je lui ai flanqué Achille (son couteau) dans les boyaux !

Je vais passer en cour d’assises. Assistez-y. Je prends la liberté, monsieur, de vous y inviter. Ce sera une affaire sans précédent. Quel défilé curieux vous y verrez ! Des témoins sournois, retors, blêmes de crainte. Leur but ne sera pas de dire la vérité, mais de ne pas se compromettre en la disant. Il y en aura de loquaces, ce seront les menteurs ; de muets, et ce sera ceux qui savent le plus. Et les allures ! ce sont elles qui décèleront l’ignominie des témoignages. On échafaudera contre moi plus de mauvaise foi qu’il n’y a d’arbres dans la brousse sans fin de Guyane. Vous verrez le bagne sur son propre visage.

L’éloquence d’Hespel prenait peu à peu de l’allure :

— Ma tête est en jeu et me voici dans cette cellule où moi-même je suis venu chercher, pour les exécuter, trois condamnés à mort, à leur dernier matin. Est-ce là le fruit de mes nombreux services