Page:Londres - Au bagne.djvu/74

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voyez-vous, sur la rive, criant à des navigateurs : « Non ! vous ne boirez pas ! Allez-vous-en ! le gouverneur ne veut pas que vous buviez ! la France non plus ! Sur ce coin perdu du monde nous sommes la France ! »

Un beau drapeau tricolore claquait à la porte de l’île.

— Et l’autre nuit ? Cela vous ne l’avez pas su. Sur ce rocher-là que vous voyez… car vous connaissez le pays. Il n’y a que rochers dans votre pays, même dans la mer… Et moi qui habitais Paris ! L’autre nuit une goélette s’est fracassée dessus. Nous avons été réveillés par des cris d’épouvante. Alors j’aurais dû hurler à ces malheureux : « Noyez-vous ! N’abordez pas ! Ordre du directeur des douanes ! » Eh bien, nous sommes allés les chercher. C’est une décoration qu’on devrait nous donner. Ils sont restés tout un jour ici. C’étaient des Brésiliens aussi. Ils ont retapé leur barque. Et je ne leur ai pas vendu de cochons !

Se tournant vers moi :

— Je savais que vous étiez ici. Je sais tout. Si vous n’étiez venu, j’aurais été vous trouver. Il ne faut pas qu’on nous fasse de la misère.

Et au directeur des douanes :

— D’ailleurs, vous allez les compter, mes cochons, et un par un. Edmond ! cria-t-elle à Duez, rassemble les cochons.

Duez avec qui j’allais rassembler les cochons, fit incidemment :