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LA ROUTE COLONIALE No ZÉRO


Elle s’appelle, en réalité, route coloniale Numéro Un.

Comme elle n’existe pas nous la baptisons Numéro Zéro.

C’est elle qui faisait dire, dans les vieux temps, aux apaches jouant leur va-tout : « Et si l’on est refait, on ira casser des cailloux sur la route ! »

Aujourd’hui, quand arrive à la visite un forçat bien réussi, pieds en lambeaux, la fièvre aux yeux et la mort riant entre les lèvres, le docteur lui dit :

— Tu viens de la route, toi ?

— Oui, M’sieur l’major !

En tête des lits, à l’hôpital, vous lisez comme noms de maladies : « Revient de la route. »

Quelle magnifique route ! Elle doit traverser toutes les Guyanes. On n’a pas ménagé les cadavres. On y travaille depuis plus de cinquante ans… Elle a vingt-quatre kilomètres !

Ce matin, je repris le canot automobile. Pour aller sur la route de Cayenne, il faut d’abord monter en bateau, à Cayenne. C’est comme ça !