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Page:Londres - Chez les fous, 1925.djvu/109

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CHEZ LES FOUS

Il faut aussi profiter de leurs jours de lucidité pour les réadapter à la vie ordinaire.

Traiter continuellement comme un fou l’homme qui ne perd que de temps à autre le contrôle de son jugement, c’est l’enfoncer dans son infortune.

Nous marchions dans l’allée principale de l’établissement. À vingt pas de nous, un pensionnaire s’arrêta. Il prit l’attitude qui immortalise Gambetta dans le jardin du Louvre puis entama une éloquente harangue.

Dide me dit :

— Cet homme est en proie à son orage. L’orage ne durera pas, mais il faut qu’il passe. Si je voyais un infirmier brutaliser ce malade sous prétexte de le faire taire, c’est l’infirmier que je mettrais au cabanon.

En effet, l’orage passa. L’orateur s’approcha de Dide.

— Bonjour, monsieur le directeur, vous venez encore de me surprendre en effervescence.

— Nous avons tous la nôtre, mon ami.

— Mais c’est fini. Je sens que je guéris. Monsieur le directeur, vous êtes un grand savant.

Et je partis déjeuner chez le docteur Dide.

Il y avait un autre convive à table.