Page:Londres - Dante n’avait rien vu.djvu/129

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rompre les jambes contre la voiture. « Ce sera toujours autant », pensai-je. Mais ces cavaliers étaient aussi des chats. Ils voyaient clair la nuit. L’obstacle ne les surprit pas.

Entre un Chleuh dissident et un Chleuh partisan, pour les gens de mon espèce, qui ignoraient la signification du manteau bleu, il n’existe pas plus de différence qu’entre un serin jaune et un canari ; cela seul explique le frisson passager qui vint un moment ternir le miroir tranquille de nos cœurs. Les dix berbères, fusil en bataille, mirent le siège devant la voiture. J’avais toujours ma pompe à la main.

Ils sourirent, firent des grâces et tant de gestes de bienvenue qu’il eût fallu posséder un détestable caractère pour persister à voir en eux de simples bandits ou de grands patriotes révoltés ce qui, pour nous, n’aurait fait qu’un, en l’occurence.

— Ils ont l’air de copains, dit le chauffeur.

Et il ralluma les phares.

Nous étions à huit kilomètres de notre but. Quand la voiture fut prête, les Manteaux bleus l’entourèrent. Le cortège s’ébranla. Et je fis dans Kenifra, capitale des Zaïans, une entrée