Page:Londres - Dante n’avait rien vu.djvu/155

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— Je ne puis pas vous garder.

— Eh bien ! après-demain, je serai sûrement un assassin. Ah ! ça oui. J’irai chercher plutôt les Guyanes. Je l’ai écrit à ma mère.

Mes ennemis m’ont prévenu quand je leur ai échappé. Le « caïd » m’a dit à la grille : « Ah ! tu les mets, pourceau, mais tu remonteras bien au camp. Tu auras le cou coupé comme un lapin. » Je voudrais bien revoir mes quatre enfants, mais je tuerai pour ne pas être tué. Je ne suis pas fait pour mourir encore. Ce sera au plus leste. Au lieu d’Orléansville, dirigez-moi sur Douéra, mon adjudant.

— Douéra vient d’être supprimé ; tout le camp va justement à Orléansville.

— Alors, envoyez-moi à Aïn-Beïda. Je suis un bon détenu.

— Je ne peux pas.

L’homme traqué dit simplement :

— Je n’ai pas de chance !

Puis, après réflexion :

— Peut-être alors vais-je me couper deux doigts pour gagner du temps…