Page:Londres - Dante n’avait rien vu.djvu/205

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damné par la cour d’assises de Singapour à six ans de travaux forcés pour viol ― si l’on peut dire ― je suis incarcéré le 27 avril.

» Il faut encore s’arrêter six ans, monsieur.

» Le 19 janvier 1920, à Singapour toujours, l’Angleterre m’embarque sur le Dongola et me débarque à Devonport, 73.000 habitants.

» J’étais malade. L’Angleterre me soigne à l’île de Wight dans une maison de santé. Je guéris. L’Angleterre veut me renvoyer en France. Je saute à Southampton, je vois mon consul. Je proteste. Je dis : « L’Angleterre me rejette en France parce que je suis déserteur. Elle dit que je suis déserteur et c’est elle qui, de 1914 à 1920, m’a gardé dans ses prisons. » Le consul dit : « Faut obéir à l’Angleterre. » J’obéis. Je débarque au Havre. Je me présente au commisaire spécial. Il m’arrête. Mauvais jours ! Et de tout cela, que ressort-il à la lumière de la justice de mon beau pays ? Que j’ai vingt mois à faire aux exclus ! Combien de problèmes fallut-il aligner pour arriver à cette solution ? Des milliers, monsieur, en se servant de la règle à calcul, foi d’un ingénieur des ponts et chaussées ! Vingt mois, me dis-je, ce n’est pas le Pérou. Va pour vingt mois d’ex-