bout. Il eut pitié de moi, me décrocha et me fit donner un quart d’eau. C’était bon, car ce que j’avais bu pendant ces quatre jours n’est pas propre à dire. C’était le sergent P… Le lendemain, le sergent L… m’a fait traîner de force au travail…
— Pourquoi refusiez-vous de travailler ?
— J’étais malade.
Il n’est pas de médecin dans les camps. Un homme est-il ou n’est-il pas malade ? S’est-il maquillé ? La consultation est remplacée par un dialogue invariable : — Malade, dit l’homme. — Je te ferai travailler bessif (de force), répond le sergent.
— Il m’a donc fait traîner deux cents mètres sur le dos par les tirailleurs ; puis, revolver sous le nez : « Travaille, salopard ! » J’ai refusé. On m’a reconduit sous le marabout, on m’a rossé à tour de bras, attaché en crapaud et suspendu toute la journée.
— Ces actes-là doivent être signalés officiellement, dit le sergent ; pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?
— On a toujours peur d’être pris en grippe.
Un autre homme s’appuya familièrement sur sa pioche et dit :