Page:Londres - Dante n’avait rien vu.djvu/71

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qu’on lui confiait l’attestait, son regard aussi.

— Ah ! fit-il, on parle de Sidi-Moussah ?

Et, se tournant vers le sergent :

— Ici, ce n’est plus pareil. C’est que moi je suis ancien dans la maison.

— Vous connaissez des choses de Sidi-Moussah ? demandai-je à mon compère.

— Il y en eut tellement ! Tenez, un jour, un Arabe ― il se passa la main sur le front ― je ne me souviens plus de son nom, mais d’autres vous le diront, c’était un bon ouvrier, il faisait 300 à 350 kilos de bois dans la journée ; or, ce matin-là, il était malade.

— Ah ! tu ne veux pas travailler ! lui dit le sergent P…

À Sidi-Moussah, la maladie était rayée de la vie. Dire aux sergents : « Je suis malade » était leur faire un outrage. Alors ils ont mis l’Arabe tout nu et l’ont attaché sur les éribas. C’était l’été, cinquante-deux degrés pour le moins. Toute la journée, le pauvre arabe couché sur ses épines criait : « À boire, cuisinier, par pitié ! » Il criait aussi : « Pardon, sergent ! pardon ! » Le soir, alors qu’il n’allait pas mieux, au contraire, il cria au sergent : « Vous avez raison, sergent, je ne suis pas malade. »