Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/54

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Jean-Marie était le cinquième : vingt-six ans. Perpétuité. Huit ans de peine. Devait sa condamnation à une tragédie bretonne. Sa fiancée s’empoisonne. On l’accuse du crime. Il n’y est pour rien. On l’arrête. En prison, son gardien le martyrise. Dix fois par jour, il le frappe de ses clefs en lui répétant : « Tu l’as empoisonnée, ta fiancée, hein ? » Jean-Marie est le plus fort. Au bout de vingt jours, la colère le domine. Il tue le gardien. Avant de mourir, le gardien lui demande pardon. Quel drame ! Aux îles, j’avais connu Jean-Marie. Je lui avais appris le métier d’ébéniste. Un forçat qui apprend volontairement un métier est un homme qui n’est pas pourri. Travailleur. Bonnes mœurs. Ne buvait pas. Ne se serait jamais évadé sans moi. Ah ! le malheureux aussi ! Neuf cents francs.

Voilà les passagers de mon « navire ».

… Dieudonné s’arrêta un moment, fouilla dans ses poches, et :