Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/81

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je sens qu’un drap m’enroule. Je donne des jambes et des bras : je suis empêtré dans la voile. Sa corde, comme pour me pendre, traîne à mon cou. Je veux me dégager, deux mains m’agrippent.

… Qui était-ce ?

— Je ne sais pas !… et me paralysent. Je me libère. Je remonte à la surface de l’eau, j’essuie mes yeux et je vois. Un quart de lune éclairait tout. C’était une scène farouche. Des hommes enlevés par une lame semblaient bondir de la mer. Trois autres, hurlant, se cramponnaient à la pirogue retournée. Ils cherchaient à la tenir à pleins bras, mais ils ne pouvaient pas. Les épaves : des petites boîtes nous servant de malles et où était toute notre fortune, dansaient une gigue diabolique sur la crête des vagues. Et le grondement dramatique de l’océan ! Je me rappelle que ma malle passa à ma portée ; je la saisis comme un avare. C’est curieux, l’instinct de propriété, hein ? Je la