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LA CHINE EN FOLIE

En sa présence, le sang de tous les serviteurs s’est figé.

Il me prie de l’honorer en m’asseyant dans son fauteuil. J’y jette un coup d’œil. Pas de poux ? Bien. L’interprète restera debout et, croyez-moi, après l’audience, il pourra parler savamment sur la gamme des chairs de poule.

Des paravents derrière les sièges remuent. Cinq gardes privés, ceux-là à trois crimes, guettent par les fentes.

— N’aie pas peur, me dit-il, on ne te fera pas de mal, tu es mon hôte.

« Et ton vieux copain Tou-li-San, pensais-je, magnifique canaille ? »

— Excellence, lui dis-je, je ne suis pas grand.

— C’est moi qui suis tout petit, répond-il.

Ainsi échangeons-nous, tels d’authentiques mandarins, les politesses nécessaires.

De sa main droite, dont l’ongle du petit doigt est long et recourbé comme une griffe de panthère, il me présente la tasse de thé vert, et, de sa main gauche, il soutient sa main droite, pour que ses deux mains, de la sorte, soient à mon service.

— Voulez-vous demander à Son Excellence, dis-je à l’interprète (appeler Excellence ce vieux forban était pour moi faire un plongeon dans le