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LA CHINE EN FOLIE

une rude engueulade. Les deux colosses encaissent, échine courbée. Les paravents bougent. L’interprète se ratatine.

Tsang, calmé, reste les yeux fixés au sol comme s’il venait d’y découvrir un morceau de chair saignante.

C’était au sujet d’un ci-devant mandarin, condamné à mort avant-hier, sur l’ordre de Son Excellence pour malversation. L’histoire, lui revenant en mémoire, il avait fait comparaître ses ministres afin d’avoir des nouvelles du cadavre. Mais les ministres n’en avaient pas de fraîches…

Il me retrouve. C’est un étonnement pour lui. Il daigne s’excuser et me fait dire qu’il a parfois les nerfs malades. Mais, en compensation, il va me donner sa photographie en uniforme de gala, avec képi, plumet, grand cordon, sabre et tout le tremblement ! Il ordonne qu’on la lui apporte.

La voici. Le serviteur qui la présente est tremblant. Tsang réclame son pinceau et son gobelet de pâte d’encre. Il va me prouver qu’il sait écrire (depuis deux mois) ; alors, sur le carton, en caractères chinois, il trace lourdement :

« Tsang-Tso-lin à Monsieur Albert. »