Page:Londres - La Chine en folie, 1925.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

174
LA CHINE EN FOLIE

sévèrement à M. Pou. Ayant horreur du scandale, je cachai rapidement mes deux billets et sortis deux dollars. « Voilà ! » fis-je quand vint mon tour. Et à l’heure dite, le train arriva. Vive l’anarchie !

Tientsin !

— Voyez-vous, dis-je à M. Pou, la Chine, votre berceau, est une terre bien troublante. Tout est cassé et tout fonctionne. Personne ne paie ses billets et les trains marchent comme une montre.

— Les trains marchent comme une montre, parce que ceux qui vivent des trains ont intérêt à les faire marcher. Si chez nous, comme en Russie, c’était la communauté qui empochât, depuis longtemps tout serait rouillé. L’homme est un vilain animal. Il ne pense et ne pensera jamais qu’à lui. La Chine, en ce moment, est le triomphe de l’égoïsme sur l’altruisme, ou, si vous préférez, du débrouillard sur l’empoté.

— À table ! monsieur Pou. Il est bientôt midi. Allons au cercle et mangeons bien !

— Monsieur, répondit Gnafron, pour que l’estomac soit à point, il faut avoir l’esprit libre. Le maréchal Tuang-Si-Joui, le président Liang-Chi-Ji ne nous recevront que s’ils nous attendent.