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LA CHINE EN FOLIE

tes, on enfermait les canards, on arrachait les légumes, on abandonnait les cercueils.

À dix heures sortirent les premières éditions extraordinaires des journaux. On se jeta dessus.

Pou tenait les feuilles et tremblait, le nez dans les nouvelles.

Les neuf portes majestueuses de Pékin avaient clos leurs vantaux. Derrière chacune d’elles on pouvait voir une centaine de mercenaires. Le docteur Yen n’avait pu mieux faire. Mille argousins, voilà de quoi se composait l’armée officielle de la Chine. Encore, depuis longtemps, ces gens d’arme n’étaient-ils point payés. Aussi l’héroïque docteur Yen dut-il en appeler hier soir au corps diplomatique. On consulta le grand financier international : le directeur des douanes, un Anglais. L’Anglais, dans ce cas urgent, permit que le « gouvernement » chinois puisât dans la caisse de la gabelle. On régla l’arriéré des carabiniers, on leur fit l’avance d’un mois de solde et on leur offrit à boire. L’imprévu d’un tel traitement eut les meilleurs effets sur cette troupe réglementaire. Elle voulut bien prendre la garde, et même, dans son enthousiasme, elle promit de ne pas ouvrir elle-même les portes de Pékin aux pillards de Tsang-Tso-lin !