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le juif errant est arrivé

chœur, dénoncèrent le faux Messie. Pour endiguer le flot qui le veut noyer, Herzl fonde un journal, la Welt, et leur répond par ces mots : « Valets de synagogue. » Les rabbins l’emportent. Munich, choisi comme lieu du congrès, refuse de l’abriter. Herzl se retourne et désigne Bâle.

Ah ! ces journées de Bâle ! Quel spectacle ! Israël, pour la première fois depuis vingt siècles, se réunit. Polonais, Hongrois, Allemands, Français, Russes, Anglais, Hollandais, Américains, Égyptiens, Mésopotamiens, Yéménites, c’est-à-dire un peu noirs sinon nègres. Des glabres, mais surtout des barbes, encore des barbes. Et les papillotes battant les tempes ! Tous ces frères qui ne s’étaient jamais vus se regardant le nez avec stupéfaction ! Herzl, devant cette vivante carte du monde, trembla. Son souffle pourrait-il fondre ces âmes pour n’en faire qu’une seule ?

Il gagna la tribune et, avant tout, plongea son fameux regard dans cette masse. Alors eut lieu le fait surnaturel. L’assemblée, un instant hésitante, se dressa, fascinée. La race dispersée venait de voir apparaître la statue de la race. Après un quart d’heure de délire, Ben-Ami, traduisant la pensée unanime, lançait à la face de Herzl le vieux cri hébraïque : Jechi Hamelech ! Vive le roi !