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le juif errant est arrivé

On peut penser qu’ils marchèrent sans itinéraire, poussés par leur désespoir et ne se retournant que pour rattraper leur barbe quand le vent la rejetait en arrière. Je les vois divisés en multiples colonnes, suivant les rivières et les fleuves, et précédés d’un homme de tête qui seul portait quelque chose : un rouleau de parchemin : la Loi !

Furent-ils heureux pendant les huit premiers siècles de notre ère ? Je l’espère. Par contre, je ressens assez vivement l’angoisse qui dut les étreindre quand ils apprirent que la papauté avait chargé Charlemagne de constituer l’Occident en un empire où régnerait le christianisme.

Les hommes de tête déroulèrent certainement leur rouleau. Les Juifs se massèrent autour de la Loi. Ils la lurent et la relurent. Pas d’erreur, leur loi s’opposait aux ordres de Charlemagne. Voilà maintenant qu’ils allaient entrer en conflit avec l’empereur des terres où ils marchaient !

Et la nouvelle passion des Juifs commença. La croix qu’ils avaient taillée pour Jésus se mit à les poursuivre. Charlemagne mourut. Les siècles passèrent. On découpa l’Europe. Quel que fût le roi des pays où ils abordaient, la croix les écrasait de son ombre sans cesse grandissante.

L’hostilité des peuples les entoura. À leur ap-