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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

mille. Je levais timidement les yeux : un rideau rose ! Je les baissais. Je parcourais cent mètres : un rideau crème. J’allais. J’allais.

Fatigué des rues perpendiculaires, j’enfilais les rues parallèles. On me voyait dans Suipacha, dans Esmeralda, dans Maïpu, dans Florida. Je redescendais dans 25 de Mayo. Je remontais jusqu’à Médrano : des rideaux, toujours des rideaux, encore des rideaux.

Monsieur ! criai-je. Ah ! monsieur, ne courez pas si vite (ce monsieur que je n’avais jamais vu s’arrêta). Pitié, lui dis-je, pour un pauvre calculateur. Dites-le-moi, vous qui semblez secourable à votre prochain, combien la belle ville de Buenos-Aires compte-t-elle de rideaux réglementaires ? Mille ? — Encore plus. — Douze cents ? — Plus encore ! — Deux mille ? — Montez toujours. — Trois mille ? Hélas ! je ne saurai ! mon informateur avait pris au vol le tramway numéro 25.

Ce sont les Casa Francesa.


Pas de timidité. Suivez-moi. Montons ensemble les cinq marches qui, elles aussi, peut-être, sont réglementaires. Sonnons. Vous n’osez pas ? Je sonne. Le beau timbre ! clair, net, argentin ! Le rideau bouge. Ne vous sauvez pas. On nous fait passer l’examen. Nous sommes reçus. On peut en-