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Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/224

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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

que j’ai fait pour tant d’autres ! Ces voyages ! Ces remontes ! j’ai risqué le bagne, moi, pour elles ! Il y a de ces traversées dont je me souviens comme d’un cauchemar. Je préférerais « tirer » un an de Santé que de les recommencer.

J’ai débuté au temps où nous, les anciens, nous les dirigions d’abord sur Ostende. Le bateau s’appelait le Lapin. On en a dépensé du courage et de l’héroïsme. On arrivait dans le port de Londres. On se défilait à travers les docks. On allait embarquer à Manchester sur des cargos de bananes. À ce moment c’était la Havane qui rendait bien. On les menait jusqu’à Kingston, à la Jamaïque. Peut-être ne suis-je pas né du côté de la chance, je tombais sur des « bêtes véreuses ». C’était pourtant moi qui les choisissais. Ah ! les paysannes ! Tiens ! je préférais une apache, c’était plus difficile à tenir en main, mais plus loyale ! Vous ne pouvez pas vous imaginer tout le vice qu’il y a dans la peau d’une femme mal affranchie, et même dans celle des autres ! J’ai failli en laisser deux à Colon, que j’amenais à Santiago. Mes premiers cheveux blancs, ces deux dames me les ont fait prendre. D’abord, sur le bateau : allez-y avec tout le monde ! Avec les officiers, avec les matelots, avec les passagers ! Ah le bateau était content, c’était moi qui régalais. Qu’est-ce qui fait donc les femmes aussi grues ?