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Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/227

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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

York ou au Canada, c’était un plaisir. Au moins elles étaient malades pendant toute la traversée. Elles n’avaient pas le temps de vous déshonorer sur le bateau. Mais par ici, avec ces Espagnols qui sont terribles et parfumés, et cette mer qui est douce, c’est un calvaire.

— Rentre au pays !

— C’est dur, après tout ce travail, de se trouver « désaffecté ». J’étais pourtant bien capable. J’ai toujours eu le malheur de travailler pour les autres. Quand je pense que c’est un préfet de police qui m’a enlevé le pain de mes vieux jours, tu vois…

Il en posa avec force son couteau sur la table.

Le timbre de l’entrée retentit de nouveau. Personne ne broncha.

— Oui, monsieur, je n’ai pas l’honneur de vous connaître, mais, parole d’homme, c’était au Chili. Il avait connu ma femme lors d’une arrestation. Elle n’avait rien fait de mal, elle était dans une affaire d’ensemble. Il en tomba complètement amoureux. Il l’envoyait chercher tous les matins, à la prison, par son automobile, pour la conduire au bain sur la plage ! Vous croyez que l’on ne voit pas des choses dans ces pays ? Jusque-là tout allait bien. C’était même bon.

— C’est encore assez bon ! fis-je tout réjoui.

— Elle ne traîna pas dans les cellules ! Il la