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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Cet ours était assez convenablement léché. Il avait déjà conquis tous les droits sur le petit gâteau de miel, importé de France.

Il se déclarait satisfait. Le collègue ne s’était pas moqué de lui. Nous allions voir la clandestine de l’Alsina. Elle était « en attente ».

C’est-à-dire qu’elle ignorait encore à quelle sauce elle serait mangée : sauce Boca, sauce casita, sauce appartement, sauce campo.

Elle attendait bien sagement son destin comme un petit poulet déjà tout prêt, dans un garde-manger.

Ce « garde-manger » était une chambre. Nous y arrivions.

— Écoutez ! me dit le caftane.

La rue était vide et sans lumière et le quartier lointain.

Le bruit d’une machine à coudre parvenait d’un rez-de-chaussée.

— Elle travaille !

L’Ours retira trois clefs de sa poche.

— Les clefs de mes trésors ! fit-il. Avec trois clefs on commence à gagner sa vie !

Il choisit la bonne. On entra. On traversa une cour. Nous voici dans la chambre.

Le dos tourné, courbée sur sa machine, piquant avec application, la petite ne nous avait pas entendus.