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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

reprochez, dis-je, de ne pas avoir assez de « pièces » et vous me « barbotez » la seule que je possède. Ils me répondirent que c’était leur droit. Je leur répondis que si leur droit était également de me prendre ma chemise, j’allais la leur remettre avec le faux col et les boutons. En tout cas, firent-ils, vous ne débarquerez pas. Ils envoyèrent chercher un gardien. Le gardien arriva. Son père étant allemand, sa mère étant française, ses grands-pères étant, l’un italien, l’autre syrien, et ses grand’mères l’une portugaise, l’autre polonaise, mon geôlier était un parfait Argentin.

J’étais prisonnier. Ils s’en allèrent.

Je dois dire que mon âme n’était pas profondément émue. Ce n’était pas encore des Chinois de cette rivière-là qui m’empêcheraient de faire mon métier. J’en appelle à vous tous, vieux compagnons de route, nous n’avons peut-être pas appris grand’chose au cours d’une vie qui aurait gagné à mieux être employée mais, par Mercure, en voit-on deux comme nous pour prendre un train, sauter d’un bateau et peigner notre courte barbe au nez des polices internationales ?

Là-dessus j’allais au bar où les cocktails étaient servis frais.

J’appris ceci : la Compagnie des Chargeurs Réunis était responsable de moi. Elle paierait à