Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

irons ensuite déjeuner dans mon appartement, avec ma femme et mon enfant. Vie double, vous voyez, tragique quand je songe à la femme et à l’enfant. Eux ne connaissent que Camille Fouquère.


En exagérant, et pour mieux marquer mon étonnement, je dirai que « ses » magasins étaient de vastes galeries : Meubles anciens, tableaux, pianos, marbres et bronzes. Dix employés, caissières, deux téléphones… Il savourait ma stupéfaction. De la casaque de Saint-Laurent du Maroni au patronat de Buenos-Aires ! Il était beau de pouvoir embrasser secrètement l’horizon d’une pareille carrière. On m’avait conté d’aussi merveilleuses histoires. J’en voyais une. Je revoyais aussi ceux qui, les ayant vécues, étaient revenus sur le Maroni… Je ne vous le souhaite pas, Vacabana.


La Packard nous conduisit à son domicile particulier.

A las très, dit-il au chauffeur.

Voici madame Camille Fouquère. Je dis madame parce que c’est une dame.

L’enfant, un garçon de trois ans.

Je sens que lui, l’évadé, est un peu chaviré.

Dans ses magasins, il n’avait éprouvé que l’orgueil de l’œuvre accomplie.