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Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/64

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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Il leur demanda s’ils comprenaient ce que je désirais d’eux. Mes personnages ont quelques défauts ; en tout cas, ils n’ont pas l’esprit lent. Ni ceux qui voulaient bien m’aider, ni ceux qui ne le voulaient pas. Je passai dans le camp des premiers. Paix sur les autres ! ou guerre, à votre choix !


Ils venaient de Paris ou de Marseille. Dans cette « église » là, il n’y a que ces deux évêchés. Ils étaient de tous les âges, de vingt-deux ans à cinquante ans. Je ne parle que de ceux qui sont encore en activité. Il y en avait de bien, il y en avait de laids. Ceci me fit entrevoir que le métier de caftane[1] n’est pas ce que l’on imagine. Chez l’homme qui le pratique, ce qu’il faut de spéciale, ce n’est pas la tête, mais la mentalité. J’aurais pu être caftane, tout vilain que je sois. Quelques-uns de mes amis, encore plus vilains que moi, eussent pu être caftanes également. Cela, croyez-le, m’apparut comme assez réjouissant.

Eux-mêmes s’appellent des voyous. Ils emploient ce mot dans le sens d’anarchiste. Leur anarchie n’est pas politique mais sociale. En politique ils aiment les gouvernements sérieux, pondérés qui font le commerce prospère. Je les ai entendus applaudir

  1. Caftane, mot dont les Argentins se servent pour désigner les hommes qui vivent des femmes.