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Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/70

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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Elle n’avait jamais porté de chapeaux de sa vie. Je lui en achetai un : neuf francs. La voilà parée.

Je m’embarquai à Ostende parce que je savais déjà que c’était mieux… Tiens ! moi aussi j’ai fait mon premier colis par Ostende… Et j’arrivai à Londres. J’allai trouver un ancien de Poissy. Il m’indiqua une chambre, me prêta cinq shellings. On passa notre première nuit, et le matin je dis à la Berthe : Maintenant, mon petit coco, je vais chercher du travail. Elle le crut. Je la laissai la journée entière seule. Le soir je rentrai à la chambre et je dis : Il n’y a pas de travail ! Je fis le désolé. Elle demanda ce que l’on allait devenir. Il n’y a que toi, je dis, pour nous sauver. — Comment ? — Aller dans la rue. La voilà qui pleure. Ça ne durera pas, je lui dis. Faut bien que tu manges et moi de même. Je l’appelai par de jolis noms. Elle faiblit. Je dis que j’avais déjà faim. Elle accepta. Nous sortîmes, je lui offris du fromage et du pain, en amoureux.

Le lendemain je restai avec elle. Je lui racontai toutes sortes de gros mensonges. La gaîté du cœur lui revenait un peu.

Le camarade avait préparé mon affaire. Comme elle n’était pas « fringuée » elle commencerait à faire du petit tapin. Il m’avait indiqué la rue :