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LES COMITADJIS

— Vous avez peur ?

— Non, monsieur, je n’ai pas peur, j’ai raison. Une première fois je reçois la visite d’un encaisseur.

— À quoi ressemblait-il ?

— Des yeux enfoncés, comme ceux d’un mort, des cheveux longs comme ceux d’une sirène. J’ai eu peur. J’ai versé cent billets. Il m’a donné un reçu, un reçu en règle. Je me croyais en paix ; six mois plus tard il revint. Je me débattis. Je pleurai. Je signai cent mille levas, en deux traites. L’avant-dernier mois il réapparut. En effet, lui dis-je, j’étais riche, mais j’ai fait de mauvaises affaires et je n’ai plus rien. Il me dit que le comité savait que je possédais trois cent mille levas à mon compte en banque. C’était exact. Je lui dis que cet argent était la garantie de marchandises commandées, et que le comité me ruinerait s’il m’en prenait seulement dix mille. L’ordre était formel. Je signai un chèque de cent mille. Et ensuite je m’écroulai. Six jours après, l’envoyé de ces messieurs frappait de nouveau à ma porte. Je joignais déjà les mains, quand il me dit : « Le comité a fait une enquête à ton sujet. Tu as dit vrai. Les trois cent mille levas ne t’appartenaient déjà plus. Nous ne voulons pas que tu sois déshonoré. » Il me rendit les derniers cent billets.