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LES COMITADJIS

bâtiment de l’Université. Au Club diplomatique, j’ai bien failli la coincer derrière une porte, mais elle est habile ! Nuit et jour, elle rôde en sourdine dans les couloirs de mon hôtel. Dans ce salon, elle était sur ce fauteuil ; je ne l’avais pas remarquée, aussi l’ai-je tout aplatie. Au seuil de cette épicerie… partout.

Engagez-vous la conversation avec un homme politique ? On entend soudain un léger bruit : c’est l’ombre qui pose son escabeau entre vous deux. Voyez ces ambassadeurs qu’un huissier introduit dans le cabinet du ministre des Affaires étrangères : tantôt c’est le ministre de France, tantôt celui d’Angleterre, tantôt tous les deux, accouplés. Ils viennent, pour la vingtième fois, demander au gouvernement de chasser l’ombre qui gambade comme un fantôme dans le ciel balkanique. Frappe-t-on à votre porte ? Vous ouvrez au visiteur attendu : alors il s’engouffre dans la chambre, comme si, derrière lui, l’ombre montait déjà l’escalier. D’un tournemain, il fait jouer la clé, se verrouillant dans votre propre domicile. La fenêtre est-elle ouverte ? Il se précipite et la ferme. Avant de s’asseoir, il regardera encore sous le lit si par hasard… Voici X… qui passe boulevard Dondoukoff ; justement, vous avez un mot à lui dire, vous pressez le pas dans sa direction ; aussitôt, l’ombre s’interpose,