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LES COMITADJIS

chaussée. Un colonel croisa le ministre, autant dire enchaîné, et le salua. Tsankoff tira son chapeau comme si de rien n’était. Tout à coup, une silhouette coupa la rue et, faisant, à distance, des amitiés au chien, louvoya pour aborder l’illustre promeneur. Tsankoff s’arrêta. Comme reliés au protégé par une tige de fer, aussitôt les protecteurs s’immobilisèrent. Mais le chien eut sa minute, il se moquait des sourires du postulant. L’homme d’arrière dut l’empoigner et le tenir. Ainsi Tsankoff put-il, par ce beau jour, échanger quelques propos avec un électeur imprudent.

Et ministres, avocats, députés, médecins, passèrent suivis de leur archange en casquette.

— Dites donc, ami, est-ce que l’exarque Mgr Stéphan se promène aussi avec ses suiveurs ?

— Dieu, ici, n’y verrait pas d’offense…

Tout membre du gouvernement, tout chef de parti, tout intellectuel touchant à l’Organisation révolutionnaire, partisan de Mikaïloff ou partisan de feu Protogueroff ; tout journaliste à franc-parler, tout universitaire à conviction définie, tout ce qui dirige, pense ou conspire en Bulgarie, en un mot tout homme public lorsqu’il sort, ne serait-ce que pour aller au rendez-vous de son dentiste, se tient toujours sous la protection de deux revolvers bien graissés.