Page:Londres - Les Comitadjis ou Le terrorisme dans les Balkans, 1932.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LES COMITADJIS

— Alors, comme nous chantions leurs louanges au temps des Turcs, nous ne pouvons, les mêmes causes persistant sous les Serbes, faire croire à notre peuple que le héros d’hier n’est plus aujourd’hui qu’un bandit.

On l’a bien vu l’année dernière, après l’assassinat de Poundeff, le cent cinquantième ou le cent soixantième de la dictature de Mikaïloff. Le gouvernement voulut donner un gage à l’opinion étrangère. Le procès du « Petit » fut décidé. Comme vous ne l’ignorez plus, Mikaïloff vit debout, sur la plus haute montagne de Macédoine. On ne pouvait aller le chercher où seuls vont les oiseaux de grand luxe. Son pays le prévient par une note qui paraît au Journal officiel. Deux cent quatre avocats se disputent l’honneur de défendre l’accusé. Le procès a lieu. Toute l’armée à revolvers, tous les porteurs de casquette, les mille petits haïdoucs de Sofia cernent le palais de justice. Les juges en ont froid sous leur hermine, les jurés grelottent dans leur pantalon. Vantché a volé du sommet du Pirine au sommet du Vitoche, et là attend, à douze cents mètres, dominant Sofia. Soudain, dans le ciel, paraît l’arc annonciateur. Le beau temps revenait. Vantché était acquitté ! la ville, enfin, respirait.