Page:Londres - Les Comitadjis ou Le terrorisme dans les Balkans, 1932.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
LES COMITADJIS

Sofia. À quoi bon faire des gares un centre d’attraction ? N’est-ce pas inciter les siens à s’en aller et les étrangers à venir ? Si l’on sait ce que l’on perd on est moins sûr de ce que l’on trouve. N’est-ce pas, chauffeur ?

Ayant franchi la zone obscure, le chauffeur se dirigea vers une porte toute blanche : un arc de triomphe en plâtre. J’allais dire merci quand il me revint que ce monument n’avait pas été dressé uniquement en mon honneur, mais aussi en celui de la tsarine, nouvelle épousée, venue de Rome, dernièrement, prendre possession de sa capitale, au côté de son prince-amour, Boris III, roi de Bulgarie.

Là, je reconnus la ville. Nous l’abordions par son quartier national. La vieille poésie balkanique y chantait encore : piments rouges, agneaux grillés, baquets de lait caillé, hôtels avec chambres à cinq lits, nappes souillées sur tables carrées. Passait-on toujours au pétrole le plancher de ces réfectoires publics ? Rien de tel pour donner du ton aux aliments. Dehors, des vendeurs de petits pains dorés et de graines de tournesol. Deux nouveaux cinémas et, devant eux, des admirateurs en veste de cuir.

Voici maintenant la mosquée, témoin des siècles d’esclavage. Souvenons-nous, tous ces hommes