Page:Londres - Marseille porte du Sud, 1927.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
MARSEILLE, PORTE DU SUD


d’un pan d’ombre, ils rêvent ! Ces Portugais, au fond du bar, ayant invité les catins, ils rêvent ! Ce solitaire, qui roule du buste en descendant la petite ruelle nauséabonde, il rêve ! Ces Anglais ne rêvent pas. Ils sont dans une boutique à Anglais, ils en gardent la porte et, aux nègres qui osent s’arrêter pour regarder, ils font signe de filer. Les nègres ne filent pas. Rêveraient-ils aussi ? Pourquoi pas ? Ces cinq marins grecs qui se tiennent par le cou s’en vont lentement comme s’ils suivaient une procession. Ils ne se promènent pas, ils se remorquent. Où vont-ils ? Il est dix heures du soir. Ils vont jusqu’à minuit et n’en savent pas davantage. Place Gelu, ils s’assoient sur un banc, face au vieux port. Les voici qui se mettent à chanter leur mélopée orientale, ces étranges lamenta-