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PÊCHEURS DE PERLES

La mer qui entoure les Farsans repose sur des bancs de coraux. Monté sur des échasses de cinq mètres de tirant d’eau, on pourrait visiter le pays à plus de deux cents kilomètres à la ronde. Mais parfois les bancs affleurent et les sambouks raclent ou même s’asseyent.

Une heure après le départ, notre sambouk racla. Il s’appelait El Amin : le Sûr ! Nous pouvions donc être tranquilles ; néanmoins, les quarante hommes se précipitèrent aux rames. Deux par rame, dents serrées, traits durcis, ils obéissaient aux ordres d’un grand nègre qui poussait rythmiquement deux cris non mélodieux. L’un des cris les projetait, poitrine en avant, comme abandonnés sur la rame, l’autre faisait saillir leurs épaules, et, d’un puissant coup de reins, rejetait leur buste en arrière. Ils ramaient debout sans point d’appui aux pieds. Aaaah ! criaient-ils pendant la manœuvre avant, Hiii ! pendant la manœuvre arrière.

Le sambouk retrouva son chemin. Alors tous lancèrent : Habibi ia rasoul Allah ! Mon chéri, ô envoyé de Dieu !

À la voile, à la rame, on alla ainsi jusqu’à dix heures du soir. L’ancre fut jetée. Le banc était atteint. Dormons.

À l’aube, le nègre sonna le réveil. Sans l’aide