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PÊCHEURS DE PERLES

de ses doigts, ni du moindre instrument, il siffla si violemment que, moi aussi, je faillis avoir les tympans crevés. Les dormeurs nus se levèrent. Et voici comment, dans la mer Rouge, pour la première fois de ma vie, je vis pêcher les perles sous le signe du Cancer.

Les hommes saisirent les rames et les fixèrent parallèlement à la mer. À chacune des rames, deux longues cordes, l’une mince, l’autre grosse. La corde mince soutient un poids, un plomb de quatre à cinq kilos. La corde grosse est destinée à remonter le plongeur. L’équipage comptait dix-huit plongeurs formant deux équipes : une équipe pour laisser respirer l’autre. Ces hommes sont habillés d’un cache-sexe, d’un doigt de cuir à l’index pour décoller l’huître du rocher, et d’une ficelle qu’ils portent au cou. À cette ficelle pend un pince-nez en corne, pince à linge perfectionnée. Autant on entend crier, chanter, geindre pour les manœuvres du sambouk, autant le silence enrobe les plongées. Arabes, Soudanais se mirent à cheval sur les rames ; quatre à bâbord, cinq à tribord. Ils empoignèrent la grosse corde et se laissèrent glisser dans l’eau. À ce moment, on lança un panier tenu du bord par une troisième corde. Comment attachent-ils le plomb à leur pied ? Difficile à voir malgré la transparence de l’eau. Alors ils aspirèrent fortement. Les yeux fermés ils bu-