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PÊCHEURS DE PERLES

rent l’air comme avec désespoir, puis ils se pincèrent le nez. L’eau les submergea. Les cinq hommes de tribord avaient disparu.

Le sambouk était à peu près à huit mètres au-dessus du banc. J’avais une montre, je veux dire que le nakuda m’avait prêté la sienne, et j’entendais contrôler le temps des plongées. Mon émotion fut plus forte que mon devoir… Je demeurai stupide à regarder l’endroit où, tout à l’heure, cinq têtes fleurissaient. Évidemment, elles n’y étaient plus ! Aucun remous. Quelques secondes avaient tout effacé. Les cordes ne remuaient même pas. Des cordes de pendus ayant payé leur dette.

Soudain, dans la position de nageurs qui ne nageraient pas, de nageurs exténués, tirés par des sauveteurs, les hommes surgirent. À cause de la pince, ils ressemblaient à de surprenants oiseaux sous-marins, oiseaux remontant leur proie du tréfonds de la mer. Ayant laissé le plomb au bout de la corde mince, cramponnés à la grosse corde, ils revinrent à la lumière du jour. Leur tête seule reflotta comme une bouée. Mais ce n’étaient pas les mêmes têtes. Un voile de souffrance recouvrait chaque visage. Les plongeurs arrachèrent la pince, ouvrirent la bouche, appelèrent au secours, appelèrent un peu d’air au secours de leur dernier souffle ! Leurs traits étaient crispés. Ils avaient vieilli !

Ils tenaient à la main la troisième petite corde,