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PÊCHEURS DE PERLES

ils peuvent sonner et faire monter de la bière ! Alors, on va devant soi, la mort dans l’âme et le regret au cœur de ne s’être pas cassé une jambe, à Marseille, en allant s’embarquer !

À la fin du troisième jour, le Belgrano jeta l’ancre. Il aurait pu tout aussi bien la lâcher au milieu de la mer Rouge, nous aurions vu Hodeidah ni plus ni moins. C’était là ! paraît-il, au bout de l’horizon ! Dès qu’un bateau se considère d’un degré au-dessus du plus vil tape-cul de la mer, il se tient loin de ces côtes. Il siffle ! Il siffle jusqu’au jour où les samboukiers viendront voir pourquoi ce bateau siffle.

Nous n’attendîmes que trois heures.

La chienlit, vociférant, se jeta dans les sambouks. À notre tour, nous y prîmes place. Le commandant Giraud, à qui j’aurais cru meilleur fond, nous criait de sa passerelle : « Bonne soirée ! Amusez-vous bien ! Buvez frais, et bonjour à ces dames ! » La voile fut hissée. C’était nuit sombre. Le sambouk décolla. Devant nous, la Croix du Sud nous précédait, comme portée par un aumônier d’échafaud. Quarante minutes après, nous entrions dans un port grand comme un lavoir municipal. C’était Hodeidah. Nous étions au Yémen.

Nous quittons la barque. De pierre en pierre nous atteignons le sol. Un trou noir. Et soudain, sous le jet de ma lampe électrique, cinq sauvages