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PÊCHEURS DE PERLES

sans appela l’un des passagers, un jeune Arabe. Le garçon s’approcha ; son père n’avait su faire hou ! hou ! Un requin lui avait pris une jambe. Quand les tireurs le remontèrent, un second requin suivait, accroché à l’autre pied. C’était du côté Afrique, entre Massaouah et Port-Soudan.

Le fils était plongeur aussi. Il l’était même d’autorité. Son père, déjà sourd, pouvait plonger à vingt brasses et demeurer deux minutes et demie sous l’eau. Il avait la résistance d’un copie-lettres. C’était donc un plongeur renommé et, à ce titre, il devait beaucoup d’argent à son nakuda (propriétaire du bateau). Plonge bien et tu auras du crédit ! Telle est la loi sur les bancs.

Pour s’attacher les hommes à vie — à vie… ce qui ne sera pas très long — le nakuda leur fait des avances d’argent et même de vermicelle.

Et le plongeur meurt avec des dettes. Et son fils plonge pour les payer.

— À la bonne heure ! voilà un plongeur qui n’est pas volontaire, s’il gratte les rochers sous-marins, ce n’est pas pour y saisir la fabuleuse chevelure, mais pour sauver l’honneur de la famille. En tout cas, Chérif Ibrahim, mon ami, demandez-lui, s’il vous plaît, ce qu’il en pense.

— Il dit qu’il s’entraîne, et que, lorsque ses tympans seront crevés, il sera un plongeur aussi bon que l’était son père !