Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/186

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dattes — redégringola à travers le chaos. Et puis, soudain, le terrain devint plat. Dans le fond d’un cirque grandiose invisible de la ville de mer, le grand village indigène est calmement assis. Le décor est pour quelque chose dans l’impression farouche que ce lieu produit sur vous, sans lui, cependant, les femmes suffiraient à vous faire croire que vous pénétrez dans un deuxième monde. Elles sont vertes. Exactement vertes. Ni blanches, ni jaunes, ni noires : vertes ! Leur visage est de la couleur des plumes du perroquet. Ce sont des trieuses de café qui, pour avoir moins chaud, se barbouillent la figure d’orod. L’orod, paraît-il, est une espèce de safran. Or le safran est jaune. Je n’y comprends donc plus rien. En tout cas, elles sont vertes et c’est suffisant !

Nous sommes arrivés. Cela se voit. Devant la porte d’une maison, six hommes forment un triangle. Un homme à la pointe, deux sur les côtés, trois à la base. L’homme de la pointe est notre homme : Hadji Ahmed Béchir, les deux autres sont ses amis les maîtres du lieu, les trois derniers sont les fils. Quel honneur aussi, que la visite d’un consul !

La chambre de réception est prête. Nous y voilà tous installés. L’homme croit que nous venons acheter des perles. Nous avons de la peine à lui faire rentrer ses calicots rouges dans ses poches.