Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/222

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branche. Le mystérieux compagnon avait découvert le vrai Nacri. La maison servait de proue à l’île, autant dire qu’on avait une jolie vue. Booms, jolyboats, batteels voguaient déjà vers la Fortune. Un vieux soldat, pieds nus, mais bigrement bien équipé, monta l’échelle qui servait d’escalier à notre belvédère. Il entra dans la pièce où nous chantions, chercha le meilleur siège et s’y assit.

Voilà un homme qui pourra témoigner de notre habileté à enfiler nos chaussettes. Rien ne lui échappa de notre toilette. Parions qu’il saurait dire où nous avons un grain de beauté. L’homme d’arme ne me gênait pas du tout. Peut-être était-il chez lui, d’ailleurs…

Voyant que nous étions prêts, il se leva.

Sobah al-rheir ! (le bonheur, ce matin !) dit-il.

Sobah al-rheir !

Puis il s’expliqua. Il devait nous conduire à la police. À la police ? Avec plaisir… Nous irons même à la prison, s’il le faut… Vois-tu, vieux soldat, nous sommes comme un bateau qui sort de l’aciérie : cuirassés.

Nacri, l’hôte, apparut. Il faisait une certaine petite tête. Cet honnête homme héberge deux inconnus et, le lendemain, la gendarmerie en prend livraison. Que voulez-vous, monsieur Nacri, le sommeil et la faim font les gens sans vergogne !…