Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/224

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tres arabes venus à Bahrein faire chanter le cheikh. Il était, en tout cas, satisfait de nous voir. Quand on est l’œil britannique, on aime bien regarder le pauvre monde qui passe.

Bahrein n’existe que par les lou-lou. On ne construit de bateaux, on ne coud de voiles, on n’ouvre de boutiques, on ne s’agite, on ne part en mer, on ne revient à terre, on ne met les mains dans ses poches, on ne les sort, on ne les remet que pour la perle.

C’est la reine : chacun la sert.

Le cheikh en vit. Sans la perle, pas d’argent, pas d’importations, pas de droits de douane, seule ressource du trésor. Sans elle, pas de commerce, pas de spéculations, pas d’usure… Pas de riz pour les pêcheurs, pas de sacs de roupies pour les effendis, pas de lévriers bleus pour le sultan. Cinq cents bateaux immatriculés… Quinze mille plongeurs numérotés. Tous les mâles du pays ont la pince au nez ou le petit nœud de calicot rouge à la main.

Voilà sept ans, Bahrein était aux Bédouins, la mer entrait dans la ville, les maisons entraient dans la terre ; c’était inhabitable. La capitale des perles tenait le milieu entre un marché de cacahuètes et un campement d’hommes sous-marins.