Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/232

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Vous allez comprendre.

Les plongeurs ne touchent pas de salaire. Ils sont supposés participer aux bénéfices.

Le système s’appelle salafiat

Voici son fonctionnement.

Le nakuda (patron de bateau) reçoit des fonds d’un négociant. Le négociant prête à intérêts : 20 pour cent pour la morte-saison (sept mois d’hiver) ; 10 pour cent pour les cinq mois de plongée. Le nakuda équipe le bateau, achète les provisions, fait les avances aux plongeurs.

Le prêt à intérêt étant interdit par le Coran, le prêteur, au lieu de sacs de roupies, donne des sacs de riz. Le nakuda négocie le riz. L'argent, paraît-il, est ainsi purifié. Dieu n’aura jamais raison avec Mercure.

Le nakuda ne perd pas au marché. Il applique aux plongeurs le taux d’intérêt que le négociant exige de lui. Et il l’ajoute au débit de leur compte.

La pêche est terminée. La vente des perles a lieu. Supposons qu’un boom de cinquante pêcheurs rapporte 500.000 francs de perles. Sur ces 500.000 francs, le nakuda retire ses dépenses : amortissement du bateau, frais de nourriture, etc. : 50.000 francs. Le bénéfice : 450.000 francs. Sur ces 450.000 francs, le nakuda prend un dixième, soit 45.000 francs. Les hommes du bateau un cinquième, soit 90.000 francs. Le reste va aux affré-