Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/241

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— Tous !

Il était assis, il se mit sur les genoux et nous baisa les mains.

Des aveugles passaient, les uns tâtonnant du bâton, les autres guidés par des enfants. Ces enfants iront tous au Chati un jour, et dans vingt-cinq ans, eux aussi peut-être !…

Deux boutiques du souk vendent des phonographes. Ces phonographes hurlent quatre chansons, toute la journée, des chansons de pêcheurs de perles. Un des leurs, Abdallah Fadhali, vingt-cinq ans, aveugle, les a chantées pour les disques : Barira, le lever de l’ancre ; Ratfa, quand on hisse la voile ; Chati, la nuit sur les bancs ; Y a-Mal, Ô Fortune !

Les passants s’arrêtaient et accompagnaient l’aiguille. Ces chants, tous orientaux, atteignent à des tons où la voix tourne au cri. Vous joueriez ces airs, une nuit, dans votre appartement que les voisins trembleraient dans leur lit, croyant à un assassinat. Alors un couple s’avança, se mêla au groupe et, avec les autres, chanta Y a-Mal !

C’était un aveugle et un enfant.

Une pensée pour eux tous, mesdames, en accrochant votre collier.