Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/260

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des aigrettes et les rats des hermines. La prochaine huître qui offre une perle, je la mange !

Je n’oublierai pas un vieux rhec, un nègre. Il passa l’heure de son repos à croupetons derrière le Jeudi. Son œil ne quitta pas un moment le couteau de l’ouvreur. À chaque perle, un sourire vernissait sa vieille gueule noire. Il prenait son plaisir sans s’occuper de personne. À la fin, je ne suivais plus le Jeudi, mais le nègre, et je savais quand l’huître venait de faire un don. Appuyé sur ses deux mains, le cou tendu, il ne bougeait pas plus qu’une statue. On comprendrait qu’un amateur fût pris par le spectacle, mais lui ? Mais les autres ? Car tous étaient présents. Ils avaient des expressions d’enfants attendant chez le photographe la sortie du petit oiseau. Aucun n’était blasé. Le jeu les pinçait aux entrailles. Le nègre ne remua qu’une fois, pour tendre la main, sans doute ne pouvait-il résister davantage, il voulait toucher. Le Jeudi lui remit une perle. Il la roula entre son pouce et son index, la sentit, l’admira et, de la tête, fit signe à la galerie que c’était là une bien jolie, une merveilleuse, une adorable petite lou-lou. Elle passa de main en main, émerveillant chacun. Les fées elles-mêmes, n’en croyant pas leurs yeux, se regarderaient-elles dans la glace ?

Les huîtres visitées sont renvoyées à la mer. Les pêcheurs prétendent que les autres, en train de